La lettre de Guy Moquet, puisqu’il veut qu’on la lise, lisons-la, et commentons-la !

Publié le par zab

Notre encore fringant  président de la république veut que la lettre du jeune Guy Moquet, résistant  mort à 17 ans et demie soit lue dans tous les établissements scolaires secondaires dès la rentrée prochaine.

Excellente idée !  Beaucoup rechignent en hurlant à la récupération ce qui est le moins qu’on puisse dire, c’est même plus que ça, c’est une véritable provocation, je trouve.

De quel côté aurait été notre président dans les temps troublés du début des années 40 ?

On ne peut pas répondre à cette question, mais vu comme il se met du côté des puissants et des riches systématiquement, comment il stigmatise les plus modestes, les étrangers, comment  il fait « de la lèche » à Bush, on en en droit de se la poser …..

Mais qu’importe ! Il veut qu’on la lise, cette lettre, et bien lisons-là ! Et expliquons aux jeunes le contexte réel dans lequel ce jeune homme a été arrêté, puis exécuté.

Il était communiste, ne l’oublions pas, il militait contre le vent de la bienpensance et de la collaboration, il courait de vrais risques pour la Liberté ; montrons aux jeunes ce que cela pourrait représenter maintenant comme engagement militant.

Il veut qu’on la lise, lisons-la !

Et pardon à tous ceux qui vont trouver ce mot bien inexact vu que je ne suis pas historienne, que je ne suis plus enseignante, et que mes élèves étaient des enfants, pas des ados. C’est un mot « coup de cœur ».

 

 

Fusillé le 22 octobre 1941 à côté de Chateaubriant

 

Ma petite maman chérie,
mon tout petit frère adoré,
mon petit papa aimé,

Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c’est d’être courageuse. Je le suis et je veux l’être autant que ceux qui sont passés avant moi.
Certes, j’aurai voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon coeur, c’est que ma mort serve à quelque chose. Je n’ai pas eu le temps d’embrasser Jean. J’ai embrassé mes deux frères Roger et Rino [1]. Quant au véritable je ne peux le faire hélas !
J’éspère que toutes mes affaires te seront renvoyées, elles pourront servir à Serge, qui je l’escompte sera fier de les porter un jour.
A toi, petit Papa, si je t’ai fait, ainsi qu’à petite Maman, bien des peines, je te salue une dernière fois. Sache que j’ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m’as tracée. Un dernier adieu à tous mes amis et à mon frère que j’aime beaucoup. Qu’il étudie bien pour être plus tard un homme.
17 ans et demi ! Ma vie a été courte !
Je n’ai aucun regret, si ce n’est de vous quitter tous.
Je vais mourir avec Tintin, Michels [2].
Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c’est d’être courageuse et de surmonter ta peine. Je ne peux pas en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi Maman, Serge, Papa, je vous embrasse de tout mon cœur d’enfant.
Courage !
Votre Guy qui vous aime

Dernières pensées : "Vous tous qui restez, soyez dignes de nous, les 27 qui allons mourir !"

[1] Roger et Rino sont des "frères" de combat militant.

[2] Tintin désigne Jean-Pierre Timbaud. Michels, c’est Charles Michels, tous deux seront exécutés avec Guy.

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Z
Pour répondre à arnodu (site introuvable), je dirais que je suis allée sur historia nostra. Certes, le jeune Guy Moquet n'était pas à proprement parler un "résitant", qui faisait partie de réseaux actifs de lutte contre les occupants allemands, mais il était un jeune militant d'opposition, arrêté parce qu'il collait des affiches communistes, mort bêtement, apparemment, un peu par hasard, parce qu'il fallait des "exemples", enfin, c'est ce que j'ai compris. Mais rien à voir avec Bara, personnage complètement inventé, ou presque,  apparemment. Historia Nostra fait de drôles de comparaisons, je trouve. Guy Moquet a bel et bien existé, milité, "résisté" à sa manière et selon son âge, et il en est mort. Point.
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A
En ces temps où démagogie rime souvent avec sensiblerie, voici un article qui replace les événements douloureux de notre histoire dans leur véritable contexte.http://www.historia-nostra.com/index.php?option=com_content&task=view&id=582&Itemid=60
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Z
Merci, Papet !
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P
Fort bien !Un détail cependant :Vous n'êtes plus une enseignante... ... en activité.Quand on a aimé ce métier, c'est qu'on avait le goût de faire partager aux autres ce que l'on savait, en espérant qu'ils nous dépasseraient un jour. C'est pour la vie !
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